Les oubliés de l’histoire (3) : Louis Robliet ou « Le submersible n’est pas une chose en l’air! »

Il est des fois où l’homme, tout scotché au ciel le nez en l’air qu’il est, en oublie qu’à ses pieds se jouent des défis d’envergure plus remarquables encore que le simple fait, comme le fit Blériot le 25 juillet 1909, de traverser la Manche en avion.

bleriot02Certes nous nous devons de saluer cet événement à la juste mesure de la science : faire voler « le plus lourd que l’air » n’est pas le moindre des exploits. Mais ça occulte d’une main – ah la main occulte le mal que cela fait-ce!, à notre regard ce qui se jouait aussi à Calais, ce même 25 juillet 1909, aux pieds à sec de nos avioneurs.

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Louis Robliet, oublié de l’Histoire

Car ce même 25 juillet 1909 donc, ce que l’ingénieur Louis Robliet réalisa – c’est à dire : « faire couler le plus léger que l’eau » n’était pas, vous en conviendrez, d’une portée scientifique moins importante.

Bien entendu, dire que l’on pouvait aussi voyager sous l’eau, tel qu’il en exposait les théories dans son livre d’ingénierie « Le submersible n’est pas une chose en l’air » (Collection « L’ingénu du génie sans génuflexions« , numéro hors série de 1908) était dans l’air depuis De Vinci. Restait à le démontrer! Ce que fît gaillardement, pour sa 33è tentative (comme Blériot en fait surnommé « l’homme qui tombe toujours »), Louis Robliet, dit « l’Insubmersible« .

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le Touche le Fond XI

A bord du « Touche le Fond XI », Robliet se jetait donc sous l’eau à 4h du matin exactement, sous les applaudissements et les acclamations destinés à Blériot qui décollait un peu plus en altitude sur les mêmes plages, pour 31 minutes plus tard exactement venir cogner, poc, les falaises de Sandgate (l’inscription est encore lisible! « Help je coule« ), sous le cri des mouettes et tout englué de plancton, tandis que ce blaireau de Blériot posait tout pétaradant son « Blériot XI » sous les cris « damned »* tout entouré de britons.

Il est regrettable qu’il n’existe plus aujourd’hui de documents relatant cette aventure supérieurement sous-marine, tant journalistique que scientifique, de ce premier voyage sous la Manche, sans tunnel ni chemin de fer.

Rendons donc un humide hommage à Louis Robliet l’oublié sous-marin de l’histoire dont le dernier vers, avant la dernière tasse, fût, car entre deux eaux il était aussi poète,

« Ô mer je sombre abattu sous la sèche dérision d’ici dans l’eau de là« .

Vers longtemps attribué à Cousteau, ce qui est dégoûtant.

Ornith-eau soit qui mal y pense.

* Et on se lève tous pour « Damned ».


16 réponses sur « Les oubliés de l’histoire (3) : Louis Robliet ou « Le submersible n’est pas une chose en l’air! » »

    1. Euh … c’est le fantôme de mon inculture qui passe là … Borges, oui l’écrivain, du moins j’imagine!

      1. Borges fabriquait à tour de bras des citations (ou des parties de livres) d’auteurs qui n’existaient pas. Et longtemps les gens y ont cru tellement c’était bien fait.

        1. Merci pour l’info, je l’ignorais. Ca doit être rigolo à réaliser, et il devait pas mal s’amuser 🙂

  1. ça tombe ( 🙂 ) à pic !
    je vais justement passer en mode submersible (et je ne dis pas ça en l’air !) un message d’adieu avant de disparaître dans les profondeurs . Je ne verrais pas la fin et je ne saurais pas si c’était ange ou démon ( argh ) , ni quels sont encore tous ces oubliés de l’histoire (snif ) , mais j’ai aimé le film , oui :-). Quel talent et quel charme , cet Ornithorynque !

    bloup bloup bloup

  2. Reblogged this on L'Ornithorynque – restons subversifs (na!). and commented:

    3è des 4 épisodes passés (y’en aura-t-il bientot de neufs?), ou la folle histoire du submersible… qui n’est pas une idée en l’air – ou lulations de Louis Robliet et son vaisseau sous-marin … Comme d’hab’ commentaires via l’ancien billet (lien au dessus du présent reblog!

  3. Too late! L’a bloubé saugrenueusement. A titre d’hommage m’en suis allé visiter l’Argonaute, au Parc de La Villette. Aucune trace de Louis, bizarre…

  4. Blériot ignorait qu’il le couvrait de son aile…. Grande année, "Je n’y étais pas mais J’y retournerais bien" comme qui dirait (In "Les mémoires à venir avant l’oubli" de Nitho Lor, historien du présent). ;o)Costaud, je confirme.

  5. 1909 : une grande année donc…Tu lui rends un hommage bien mérité vu l’ombre dont l’avion l’avait recouvert…vert de mer , bof…Costaud, le gars !!

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